vendredi 14 septembre 2007

Bretagne libre


FLB-ARB
Lionel Henry, Annick Lagadec
Yoran Embanner 396 p., ill., 20 e, ISBN 2-9521446-5-6.
Il est de petites nations qui ne se résignent pas à mourir ou, tout le moins, à rentrer dans le rang. En Europe, l’Irlande a montré le chemin, suivie de loin par une multitude d’autres qui ne réussiront pas à atteindre l’indépendance tant souhaitée. Inspirés par leurs frères insulaires, les Bretons feront sauter en août 1932 le sinistre monument à l’union de la Bretagne et de la France, heureusement jamais reconstruit depuis. La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le retour en force du jacobinisme, mais la petite graine semée par les nationalistes de l’entre-deux-guerres réussit malgré tout à germer. Une nouvelle génération de Bretons rêve de méthodes plus radicales pour réveiller leurs compatriotes et en imposer au gouvernement central. C’est dans cet état d’esprit qu’il faut comprendre le minuscule attentat du 11 mars 1966 contre la sous-préfecture de Saint-Nazaire. A partir de cette date, à intervalles réguliers, avec de longues interruptions dues au succès de l’action policière, les attentats ne cessent pas. Le dernier a eu lieu en septembre 2003 et nul ne sait s’il marque une fin ou un arrêt.
Les auteurs de cette étude, des militants de gauche à l’esprit ouvert, ont parcouru la documentation accessible et interrogé les survivants de cette épopée modeste qui ont bien voulu leur répondre. Le bilan peut sembler décevant, mais il ne l’est pas. Cette poignée d’hommes a réussi à altérer le cours de l’histoire sans faire volontairement couler le sang et sans plonger le pays dans une violence interne aux lourdes conséquences. La situation de la Corse, divisée entre clans maffieux et celle, tragique, du Pays Basque, révèle que l’usage de la violence en politique doit être mesuré pour éviter qu’il ne se retourne contre les siens. L’ouvrage a été écrit avec une honnêteté d’esprit qui fait honneur à leurs auteurs. Regrettons l’absence d’un index qui ne permet pas de faire de ce livre un outil de travail.


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