mercredi 3 juin 2009

La fin d'un juge

Le juge d'instruction Tartempion en voyage d'études.

Prenons quelques instants pour imaginer la situation suivante.

Le juge d'instruction Jean-Paul Tartempion, grand spécialiste des affaires en vue du parquet de Paris, a demandé un congé de 18 mois pour effectuer un séjour d'études à New York durant lequel il a prononcé plusieurs conférences sur le thème « Dialogues trans-Atlantiques » qui lui ont rapporté la coquette somme de près d'un million d'euros, le tout généreusement financé rubis sur ongle par la Société Générale. A son retour à Paris, le juge Tartempion prononce un non-lieu dans une affaire impliquant la Société Générale et qui aurait pu entraîner des pertes considérables pour cette banque.

Tout esprit un tant soit peu éveillé concluerait que la banque a payé un million d'euros des conférences bidon au magistrat pour s'acheter un non-lieu.

Bien sûr, ces événements n'ont pas eu lieu à Paris, le juge Tartempion n'existe pas et la Société Générale, au grand jamais, n'a pas payé de juges pour influencer le cours de la justice. Du moins je l'espère.

En revanche, cette affaire a bien eu lieu en Espagne. Remplacez le nom de Tartempion par Baltasar Garzón et la Société Générale par la banque Santander et vous aurez un scandale espagnol… qui n'a pas eu lieu (du moins pas encore).

Juge emblématique de la gauche espagnole, le juge Garzon a pu commettre toutes sortes d'abus de pouvoir, d'erreurs et de fautes sans que cela lui coûte un centime. Grâce à un système bien rodé de conférences payées une petite fortune, il a amassé une fortune personnelle considérable. Sans que cela ne suscite la moindre indignation en dehors de la presse libérale espagnole.

Mais le vent tourne et peut-être le juge préféré de Zapatero s'achemine peut-être vers une fin sans gloire.

Le quotidien ABC rapporte que la Cour suprême espagnole demande au Conseil supérieur de la magistrature d'enquêter sur cette affaire de corruption supposée qui a pourtant été classée sans suite dans le passé.

Cette indulgence des copains et des coquins a pourtant été à nouveau mise en évidence voici peu quand un magistrat a imposé une amande de cent euros (100 euros) au juge Garzon pour avoir laissé sortir de prison deux dangereux trafiquants de drogue faute d'avoir renouvelé les mandats de dépôt à temps.

Il faut dire que notre bon juge était fort occupé quelque part dans le monde dans une de ses missions humanitaires dont il a le secret.

Cette mise en cause par la Cour suprême s'ajoute à celle toute récente qui l'accuse d'avoir instruit à tort des dossiers pour inculper à Franco pour des « crimes contre l'humanité » sans avoir le droit de le faire. Une faute très grave pour un magistrat instructeur qui peut lui valoir l'expulsion de la magistrature.

Le vent, comme la roue tourne, et pour Garzon la roche Tarpéienne semble toute proche de l'Audience nationale où il officie.

Il était temps.

Comme on peut le supposer, sauf erreur de ma part, cette information n'a intéressé personne en France. Ici la dépêche de l'AFP. Ici, le site latin.reporters. Que fait la belle Diane pour le Figaro, elle dort sur son édition du Pais ?

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