dimanche 16 mai 2010

L’histoire du M16 de l’US Army

Fantassin américain tirant au M16 en conditions de combat.


Le fusil d’assaut américain M16 est entré dans la légende depuis son baptême du feu au Viêt-nam durant les années soixante. Près de cinquante ans après sa conception, il reste l’arme individuelle des GI’s.


Les origines du fusil d’assaut

Les Allemands ont été les concepteurs du fusil d’assaut moderne. Ils avaient analysé un grand nombre de combats d’infanterie et avaient découvert que, dans la grande majorité des engagements, les soldats échangeaient des tirs à une distance inférieure à 400 m. Pourtant leurs fusils avaient été conçus pour tirer avec précision sur des cibles se trouvant à plus de 1000 m.

Ces études de la Wehrmacht et les travaux des chercheurs de la firme Polte ont conduit à la mise au point d’une nouvelle munition pour arme d’infanterie tenant compte de la réalité des combats. La charge plus faible de poudre diminuait considérablement le recul et rendait possible un fonctionnement automatique. Le premier résultat concret de cette innovation apparut avec la mise en service du fusil d’assaut allemand Sturmgewehr 44 qui surclassait toutes les armes alliées.

Un collectionneur américain tire avec un StG44.

Le fusil d’assaut américain

Encombrés par des stocks gigantesques de fusils traditionnels Garand M14 pesant 5,1 kg et tirant une lourde cartouche de 7,62 mm, les Américains ne songeaient guère à adopter le fusil d’assaut qui équipait pourtant les armées du pacte de Varsovie.

Lorsque les Américains ont décidé de venir en aide au gouvernement du Sud Viêt-nam, ils se sont rendus vite compte que les Asiatiques n’avaient pas le gabarit pour mettre en œuvre le Garand M14. Il fallait trouver une arme plus légère. Ils la découvrirent dans leur propre pays où la firme Armalite avait mis au point au milieu des années cinquante l’AR-15, capable de tirer la nouvelle cartouche Fireball de 5,56 mm. Ce fusil destiné au marché civil avait vivement intéressé les Britanniques qui en avaient acheté 10 000 exemplaires.

Cette arme fonctionnait très classiquement par emprunt de gaz. Par un petit évent situé au-dessus du canon, une fraction des gaz de combustion propulsant la balle est récupérée et, au moyen d’un cylindre à gaz, agit directement sur la culasse. Celle-ci recule et comprime le ressort d’armement. Une fois la balle sortie du canon, le cylindre à gaz vidé, le ressort renvoie la culasse vers l’avant qui charge au passage une cartouche dans le canon et le cycle recommence.
Le tableau généalogique des fusils d'assaut modernes.


Premiers combats


Des AR15 furent envoyés à titre d’essai au Viêt-nam pour équiper les forces locales. Les conseillers américains sur le terrain ont été impressionnés par les performances de l’arme et ont vite adressé des rapports enthousiastes à Washington. L’US Army hésitait pourtant sur la conduite à tenir. Les essais officiels réalisés par l’armée ne laissaient eux non plus aucun doute, l’AR15 devait remplacer de toute urgence le Garand. Mais les bureaucrates du Pentagone hésitaient à remplacer tout l’approvisionnement en munitions. Ils finirent par s’incliner lorsque l’US Air Force prit l’initiative de s’équiper en AR-15 sous la désignation officielle de M16.

Au service de l’US Army

Avec l’engagement croissant des troupes américaines au Viêt-nam, les forces arrivant sur le théâtre d’opérations étaient dotées en priorité du M16.

Après les premiers combats, des rumeurs négatives ont commencé à circuler parmi les GI’s : l’arme s’arrêtait de fonctionner au beau milieu des combats !

Pour en avoir le cœur net, des enquêtes furent menées et révélèrent que l’arme s’encrassait au point de s’enrayer. Les critiques du M16 remontèrent jusqu’au Congrès qui réunit une commission pour faire la lumière sur cette affaire.

Les sénateurs voulaient comprendre pourquoi cette arme, réputée excellente, qui avait franchi avec succès toutes les épreuves de sélection de l’US Army, pouvait se révéler un pareil échec.

Le Sénat découvrit qu’une des deux raisons principales des difficultés de l’arme résidait, justement, dans sa réputation d’excellence. Parmi les soldats avait couru la rumeur que cette arme était si parfaite qu’elle ne nécessitait aucun entretien ! Ravis par cet encouragement à ne rien faire, les GI’s avaient abandonné la pratique traditionnelle de nettoyer et d’entretenir leur arme individuelle.

Seconde raison, une modification de la charge. Lors des premiers essais de l’US Army, les militaires avaient consommé des munitions civiles chargées à l’IMR (Improved Mili­tary Rifle), une poudre parfaitement connue, très stable et laissant peu de déchets. Or, en raison de l’incapacité des industriels à fournir cette poudre en quantité suffisante pour satisfaire les besoins militaires, les munitionnaires l’avaient remplacée par la ball powder, mise en point en 1954. Cette poudre non seulement laissait d’abondants résidus, mais elle accroissait indûment la cadence de tir et provoquait des ruptures de pièces.

Plus grave, au moment du tir, les résidus chauds formaient une sorte de glu qui se solidifiait à froid en immobilisant la culasse. On a vu des soldats qui, pendant les combats, étaient obligés de sortir la baguette de nettoyage pour désencrasser le tube de l’arme !

Pour remédier à ces inconvénients, des lubrifiants ont été distribués (la fameuse petite bouteille en plastique que les GI’s portaient sur le casque) et des cours d’entretien dispensés aux militaires. Le ressort du récupérateur fut changé afin de réduire la cadence de tir et la culasse fut dotée d’un levier d’armement afin de forcer si besoin une cartouche dans la chambre. Après ces modifications l’arme reçut en 1966 la désignation nouvelle de M16A1.

Des petits défauts qui persistent

Comme toutes les armes, le M16A1 possède d’indéniables qualités : légèreté, précision, cadence de tir, robustesse, etc. En revanche, on ne peut ignorer ses défauts comme un certain manque de puissance d’arrêt et une propension à s’enrayer dans les environnements sablonneux comme le Proche-Orient en dépit de l’adoption de la nouvelle cartouche SS109.

Le M16 a pris dans le monde occidental la place que l’AK 47 occupait dans le monde soviétique. Des millions d’exemplaires circulent de par le monde dans des versions très différentes comme celle de la mitrailleuse légère avec bipied et canon lourd au modèle avec canon raccourci pour les troupes aéroportées.

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