mardi 1 juin 2010

L'usage de la force par Israël

Le capitaine William L. McGonagle, commandant de l'USS Liberty, un navire américain attaqué sans raison apparente par la marine et l'aviation israéliennes.

La récente opération maritime déclenchée par la marine israélienne pour intercepter un convoi de navires civils en route pour la bande de Gaza démontre si besoin est la vigueur de la démocratie juive.

Les Israéliens se comportent comme l'aurait fait une nation européenne en des temps plus virils.

Encore faut-il user de la force à bon escient.

Les Israéliens ne l'ont pas toujours fait tant ils sont confortés par le soutien inconditionnel dont ils bénéficient de la part du lobby pro-israélien qui est aux affaires à Washington.

Les dix morts parmi les activistes vont peser lourd dans la bataille médiatique que se livrent partisans et adversaires de l'Etat juif.

Lorsqu'on regarde les événements dans la durée, il est frappant de constater que certaines actions violentes décidées par le gouvernement de Tel-Aviv échappent à toute apparente rationalité.

L'USS Liberty.

Je veux citer, à titre d'exemple, l'affaire de l'USS Liberty, ce navire espion américain qui fut délibérément attaqué par l'aviation israéliennes. Les raisons de cette attaque n'ont jamais été révélées tout comme l'identité des donneurs d'ordre.



L'USS Liberty en images.

Voici ce que nous écrivions à propos de cette affaire à l'occasion d'une émission de France Inter.


L’USS Liberty fait route vers la Méditerranée orientale.


Monsieur X refait l’histoire à la radio

Dans de nombreux foyers, le samedi à 13 h 20 c’est le rituel de l’écoute en famille de l’émission de Patrick Pesnot « Rendez-vous avec X » sur France-Inter où le journaliste dialogue avec un ancien des services secrets qui garde l’anonymat.

La légende dorée de la radio raconte que le journaliste Patrick Pesnot travaillait à la bibliothèque de l‘Arsenal quand un inconnu est venu s‘asseoir à côté de lui et, mine de rien, a engagé la conversation.

De cette rencontre est née une des émissions sur des événements historiques les plus intéressantes de la radio française.

Semaine après semaine, les deux compères nous proposent une conversation bien menée où sont présentés les tenants et les aboutissant d’affaires qui ont marqué le siècle passé.

Il est impossible de savoir si ce Monsieur X connaît de l’intérieur les affaires qu’il relate. En revanche, il a certainement eu de bonnes lectures qu’il sait interpréter à la lumière de son expérience.

Ainsi, le samedi 11 juin 2005, les auditeurs avaient rendez-vous avec l’USS Liberty, un des événements les plus étranges et des plus méconnus de la guerre des Six Jours de 1967.


Des vedettes lance-torpille israéliennes durant l'attaque du Liberty.


Le USS Liberty

Patrick Pesnot met tout de suite l’auditeur dans l’ambiance. « Image de guerre insolite : des vedettes lance-torpilles, des chasseurs-bombardiers israéliens attaquent un navire américain qui arbore le pavillon de l’US Navy. Deux alliés traditionnels qui se combattent… Et il ne s’agit pas de manœuvres. Il y a des morts et de nombreux blessés… Et le bâtiment étatsunien gîte et menace de couler. La suite n’est pas moins surprenante : en pleine Guerre froide, ce sont deux destroyers soviétiques qui viennent au secours des marins américains et qui permettent au navire blessé de faire route au nord, vers l’île de Malte… »

Un avion d'observation israélien survole le Liberty à basse altitude.

Et le journaliste de poursuivre : « Je n’ai rien inventé. Ces scènes se sont réellement déroulées en juin 1967, au large des côtes égyptiennes. Et l’USS Liberty, tel était son nom, était dans un état si pitoyable que cet ancien cargo refait à neuf a été envoyé directement à la ferraille dès son arrivée aux Etats-Unis.


Ci-dessus : le lieutenant Lewis fut aveuglé par l’impact de la torpille de fabrication allemande tirée par la vedette israélienne n° 203. La cloche de ce bâtiment est exposée avec tous les honneurs au musée de la Marine israélienne.


Alors que s’est-il passé exactement ? Pourquoi cette attaque israélienne qui a eu lieu en pleine guerre des Six Jours ? Au moment même où les deux Super-Grands, également préoccupés par la bataille qui opposait Israël aux pays arabes, avaient déclenché l’alerte atomique. Et où le moindre incident pouvait dégénérer. Le secrétaire états-unien à la Défense, Robert McNamara a d’ailleurs avoué vingt ans plus tard que ce jour-là une Troisième Guerre mondiale avait été évitée de justesse. »



Les blessés s'entassent dans le réfectoire.



Au cours de l’émission, Monsieur X raconte avec beaucoup de talent cette attaque délibérée contre un navire espion de l’US Navy qui se solda par 34 morts et 164 blessés américains.

Le récit est assez précis et correspond à ce que le grand public est en mesure de savoir. Notre homme de l’ombre liste les explications possibles, dont celle d’inciter les Américains à attaquer l’Egypte. On pourrait ajouter la volonté de cacher les crimes de guerre commis par les Israéliens dans le Sinaï.



Durant l’attaque des vedettes lance-torpilles l’USS Liberty tente des manœuvres d’évasion.


Monsieur X ne semble pourtant pas avoir lu les derniers développements de l’affaire. Ou bien encore a-t-il préféré les taire. Par exemple, il ne cite pas Louis Tordella, l’adjoint au directeur de la NSA au moment des faits, qui a fait des révélations stupéfiantes. Ainsi, il fut question à Washington de faire couler l’USSLiberty par l’US Navy pour faire disparaître les preuves matérielles impliquant les Israéliens dans l’attaque !

Ci-dessous : un Super Mystère israélien durant l’attaque. Un pilote israélien a été enregistré par un avion EC-121 survolant la zone à haute altitude pour le compte de la NSA : « Ce serait une mitzvah si on pouvait effectuer une mission avec des bombes. Sinon, c’est la marine qui va venir donner le coup de grâce. »

Monsieur X avoue ne pas savoir qui a donné l’ordre de l’attaque. Est-ce le gouvernement israélien ? Est-ce des militaires hauts placés dans la hiérarchie ? La question reste sans réponse pour le moment.

L’US Navy ayant été contrainte d’étouffer l’affaire par le président Johnson, elle a tenté de réparer cette faute en remettant en catimini la médaille d’honneur du Congrès au commandant du Liberty.

La zone d'attaque israélienne contre un navire de l'US Navy.

William McGonagle s’est éteint le 3 mars 1999 à Palm Springs, des suites d’une longue maladie. Lors de son enterrement au prestigieux cimetière d’Arlington, une brochette d’amiraux prit la parole pour vanter les mérites du défunt, accompagnée par le survol d’une patrouille de chasseurs embarqués de l’US Navy rendant les honneurs.

L'USS Liberty après l'attaque israliénne.

Les efforts des survivants du Liberty pour connaître la vérité se heurtent au lobbying mal avisé d’organisations pro-israéliennes qui accusent les victimes d’antisémitisme.
Or les Etats-Unis et Israël sont suffisamment proches pour que leur amitié survive à la révélation publique de ce qui est un secret de polichinelle.

L'USS Liberty secouru par d'autres navires américains.

Pour en savoir plus



Sur France-Inter, l’émission est diffusée les samedis à 13 h 20.


Visiter le site http://www.ussliberty.org/dans lequel des survivants de l’attaque ont assemblé une masse considérable de documents.

Body of Secrets, James Bamford, Doubleday, New York 2001, ISBN 0-385-49907-8.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans son blog de Libé, Merchet a publié cette info :

Gaza : un ancien de l'US Navy, victime des Israliens en 1967, était à bord de la flottille

Etonnante histoire que celle de Joe Meadors, ancien marin de l'US Navy, embarqué à bord de la flottille pro-palestinienne. Son épouse, Jean, de Corpus Christi (Texas) est sans nouvelle de lui et présume qu'il a été arrêté par Tsahal. "Il n'a pas eu beaucoup de chance avec les Israéliens" assure-t-elle, à la presse américaine.

Joe Meadors, 63 ans, connait bien ses eaux et la Marine israélienne. En 1967, il servait comme transmetteur à bord de l'USS Liberty, un navire espion américain qui a été attaqué par l'aviation israélienne durant la guerre des six jours. Trente-quatre membres de l'équipage avaient été tués et de nombreux autres blessés.

Peu connue en France, cette affaire est restée très sensible - et très débattue - aux Etats-Unis, en particulier dans les cercles navals. Une association de vétérans est particulierement active. Joe Meadors en est le directeur des opérations, c'est-à-dire l'un des principaux responsables. Très engagé contre Israël, il avait rejoint les militants du mouvement Free Palestine et se trouvait à bord du bateau Sfendoni - où il souhaitait rendre hommage à ces camarades disparus en 1967.

L'attaque contre l'USS Liberty, un cargo reconverti en bâtiment d'écoutes, a eu lieu le 8 juin 1967, alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales, au nord d'El Arish (Sinaï égyptien). Elle avait été conduite par quatre avions (2 Mirage III et 2 Mystère) puis trois vedettes lance-torpilles. A la suite d'enquêtes, les gouvernements israélien et américain ont conclu que cette attaque était le fruit d'une erreur. Sans toujours convaincre... en particulier les vétérans. Selon eux, et d'autres experts, l'attaque israélienne a été délibérée et "l'erreur" invoquée relève de la diplomatie. En réparation, l'Etat d'Israel a versé plus de six millions de dollars aux familles des morts et blessés et six autres millions au gouvernement américain.